Mr M.

France, Suède, États-Unis, Québec, Paris!


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Back to work

Habitué à la vie parisienne, je me lève vers 8h30 afin d’être à l’usine entre 9h et 9h30. Il s’avère que les horaires ici sont un peu différents. Les 40 heures sont encore de mise, la journée de travail débutant vers 7h30 (ouille ! heureusement que mon appartement est en face de l’usine.) pour s’achever à 16h30. Bien agréable pour profiter des ballades en forêt et très pratique pour aller faire ses courses (le supermarché ferme à 18h30 et n’est pas ouvert le samedi, ni le dimanche). J’arrive donc pour mon premier jour de travail avec 2 bonnes heures de retard. Se faire remarquer, ça se travaille ….



Je rencontre Peter Sjöding qui va s’occuper de moi pendant mon séjour à Langshyttan. C’est le responsable des essais et de l’instrumentation sur les chaines de production et il me fait tout de suite penser à un jeune grand père jovial et débonnaire.

Passage obligé à la garde-robe pour récupérer des vêtements de sécurité. On me donne la totale : chaussures, pantalon, chemise, veste et casque d’un orange que n’aurait pas renié un démocrate ukrainien ou un opposant à l’expulsion des colons israéliens de la bande de Gaza (actualité oblige). Ensuite, visite de l’usine et présentation au personnel. Je suis présenté comme un « project manager », ce qui n’est pas sans flatter mon égo.



J’apprends par ailleurs que le suédois peut être un petit peu rustre lors du premier contact. Première chose, pas de poignées de main viriles ou de bises coquines, ici c’est le royaume du hochement de tête, du « Hej ! » discrètement lancé et de la retenue la plus extrême. Mon arrivée ne semble pas déchainer les foules de techniciens et d’opérateurs. J’ai plus l’impression de déranger que de servir à quelque chose à leurs yeux. On m’avait quand même briffé avant mon arrivée : les suédois se sont fait racheter il y a 10 ans mais ont toujours un peu les boules vis-à-vis d’Eramet, boîte française. Ils sont un petit peu rancunier... De surcroit, les DRH serrent la vis au niveau des embauches d’ouvriers suédois et de proposition de stages aux étudiants des universités nationales. Seulement, ces mêmes DRH ont la curieuse habitude d’envoyer pléthores de stagiaires français, ce qui ne manque pas de provoquer moult tensions au sein des syndicats de travailleurs suédois (qui semblent encore plus accrochés à leurs privilèges que les français, et surtout sont beaucoup moins moribonds…). Vu sous cet angle, le petit français qui débarque fait un peu figure de spolieur du travail du bon suédois qui paye ses impôts et qui boit de la bière le samedi soir. Je pense qu’une fois qu’ils auront compris que je ne suis là que pour apprendre et/ou faire mumuse, le courant passera un peu mieux.

La visite piétine très rapidement. En effet, une commande de Sandvik, manufacturier de scies principalement, doit être réalisée ce matin. La nuance d’acier est assez particulière puisqu’il s’agit d’acier inox. Quel problème me direz-vous ? Ahah, jeunes néophytes, l’acier inox est pas facile à chauffer dans un four à induction (puisque c’est de cela qu’il s’agit) car n’étant pas magnétique à des températures de 1200°C. Je sens comme de l’électricité dans l’air au moment des premiers tests, chacun est affairé à regarder des gros morceaux d’acier éfilés être délicatement insérés dans le four à induction, tandis que l’étreinte thermique commence déjà à faire effet sur la matière déjà à l’intérieur. Ca fume, ça fait du bruit et de l’autre côté, ça ressort tout rouge incandescent à plus de 1110°C (et le tout en moins de 10 minutes !). Ensuite, laminage à chaud qui consiste à faire passer le gros boudin d’acier incandescent dans un trou beaucoup plus petit. Les coups de boutoir contre la filière font vibrer le bâtiment entier. La procédure me parait un tant soit peu altière (les filières sont complètement ruinées) mais apparemment, c’est la procédure normale. Le suédois reste calme dans toutes les situations.

Finalement, après un bon repas (où j’ai commandé au pif, ne connaissant pas un traître mot de suédois), la commande est entièrement réalisée et de façon (apparemment) magistrale. Il est déjà 3h de l’après midi. La suite de la visite s’effectue en coup de vent puisque le suédois à l’esprit casanier et aime se retrouver chez lui à la demie de quatre heures. Laminage à froid, profilage … tout ça est rapidement visité.

Avant de partir, Peter me parle de sa grosse voiture américaine qu’il, comme tous bons descendants de vikings, bichonne avec amour. C’est une Ford Mustang 1965, presque la même que dans ‘’Bullit’’ (film mythique avec Steeve McQueen), pour le moment à l’état de décapotable intégrale (pas de carrosserie) puisqu’il la retape entièrement. Je suis cordialement invité à venir l’essayer un de ses jours. Yahoooo !!! Moi qui aie toujours rêvé de conduire un engin pareil !

Au sujet des moyens de transports, ici, c’est le royaume de la voiture made in USA : Chevrolet, Corvette, Ford, grosses camionnettes GMC … on se croirait presque en plein milieu du Maine dans les années 70, tellement l’ambiance cheveux blonds et longs, grosses voitures, environnement et soleil couchant qui embrase de jaune toute la campagne fait irrémédiablement ressortir des images de hippies ou de Virgin Suicides de mon cerveau surexcité. Ajoutez à cela des parades de bagnoles le WE, des courses de voitures sauvages sur les routes forestières rectilignes et les shows de monster trucks (voire monster bikes, n’importe quoi…), vous aurez une vision un petit peu plus précise de la Suède profonde et de ses habitants.

Autre clou de la journée, l’arrivée dans mon appartement. Je suis sidéré devant la taille des pièces, la plus petite étant l’équivalente de ma chambre à Meunier : une cuisine tout équipée avec 23 placards (je les aie comptés), un véritable four avec petit compartiment pour faire griller ton pain, un salon gigantesque mais très vide (moi j’aime bien, ça fait très chic le parquet avec juste un vieux fauteuil et un vieux canapé comme décoration), une chambre où le lit semble perdu mais une salle de bain complètement miteuse. Je vais pas me plaindre vu que je ne paye strictement rien pour ce loft gigantesque (situé à 200 kilomètres de toute civilisation, soit). Détail qui enchantera nos collègues moscovites, le débit d’eau chaude est le double de celui de l’eau froide.



Le seul français dans l’usine est un stagiaire de l’Ecole des Mines de Paris, il travaille sur les défauts de surface mais semble s’être fait magistralement roulé (le mot est faible) par la filiale suédoise d’Eramet. En effet, on lui met des bâtons dans les roues en ce qui concerne son travail, étant salarié de la filiale suédoise il paye des impôts suédois (25 % de tous ses revenus, logement payé par la boite y compris, lorsque que l’on est étranger) sur son salaire de misère (environ 800 euros à la base) dégrevé de menues dépenses afférentes (frais de transport non pris en charge …) et comble d’iniquité on lui reproche de ne pas travailler assez. En fait, je suis carrément bien lotie. Le coquin a quand même emmené sa copine avec lui, une chinoise de Hong Kong qu’il a rencontré là-bas et qui est venue s’enterrer à Langshyttan avec lui avant de partir à Paris faire un double diplôme.

2 Responses to “Back to work”

  1. # Anonymous Anonyme

    un pedro sans barbe ca faisait longtemps.. c cool!  

  2. # Anonymous Anonyme

    je rajoute cette question cruciale : sur la photo c vraiment l'usine??!! ca ressemble plutot a l'ecole communale de la petite maison dans la prairie!!  

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